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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 11:29

  Le Président Andry Rajoelina et Gaëlle Gonthier

Mercredi 16 novembre 2011, Le Quotidien de La Réunion. Notre consœur, Gaëlle Gonthier, a interviewé le Président de la Transition de Madagascar qui souhaite des élections en mai 2012. Questions-réponses.

Gaëlle Gonthier : Vous travaillez avec le Premier ministre, Omer Beriziky, à la formation d’un gouvernement de consensus. Où en sont vos travaux ?

Andry Rajoelina : Il n’est pas toujours facile de former un gouvernement d’union nationale, comme on dit, parce que toutes forces politiques devraient être représentées dans ce gouvernement. Il y a des extrêmistes… mais si c’est pour sortir le pays de cette crise, il faut former et mettre en place ce gouvernement.

G.. : Depuis la nomination du Premier ministre, les différents groupes politiques s’entre-déchirent, y compris à l’intérieur des mouvances pour obtenir des postes au sein du futur gouvernement. Face à toutes ces pressions, pourrez-vous tenir le calendrier fixé ?

 

A.R. : Les politiciens ont une très grande responsabilité. Nous avons entre nos mains l’avenir de tout un peuple, de tout un pays qui est Madagascar. La SADC nous a aidé en mettant en place un cadre avec cette feuille de route pour pouvoir organiser les prochaines et futures élections à venir afin qu’il y ait une égalité des chances entre les politiciens malgaches. Il est de notre devoir d’honorer aussi notre engagement, c’est-à-dire la mise en place de ce gouvernement avant le 17 novembre prochain. Ce n’est pas évident car le Premier ministre vient de l’opposition. On essaie de rejoindre nos idées et nos valeurs par rapport à l’intégrité pour mettre en place ce gouvernement.

G.G. : Quels sont les pouvoirs de ce Premier ministre, présenté par beaucoup comme un homme « intègre » ?

A.R. : Tout est décrit dans la feuille de route. En ce qui concerne la formation du gouvernement d’union nationale, c’est le Premier ministre qui a lancé l’appel aux forces politiques signataires de la feuille de route, qui a collecté le nom des futurs ministres. Il forme lui-même le gouvernement et me le soumet afin que je le nomme ou que je le rectifie s’il le faut.

G.G. : Voilà deux ans et demi que le régime de transition est en place à Madagascar. Lors de votre arrivée au pouvoir en mars 2009, vous aviez promis des élections dans les 24 mois… Comment expliquez-vous ce retard ?

A.R. : Notre volonté est de ramener un changement dans ce pays. Le changement souvent réclamé par les forces politiques à Madagascar, c’est la façon d’organiser les élections. Jusqu’ici les éléments n’étaient pas rassemblés parce plusieurs conditions ont été posées dont la reconnaissance par la communauté internationale : reconnaissance du gouvernement et des élections à venir. Nous n’avons pas pu trouver d’accord durant deux ans et demi. Je crois que la feuille de route qui a été signée le 16 septembre dernier devrait nous amener à la concrétisation de l’organisation (du scrutin) qui est l’objectif final de cette sortie de crise.

G.G. : Quand les élections pourront-elles se tenir ?

A.R. : Nous ne pouvons pas tenir d’élections pendant la saison des pluies, c’est-à-dire du mois de novembre jusque fin avril. Donc, à partir de début mai, on peut organiser des scrutins. Après la mise en place de ce gouvernement d’union nationale, les Nations Unies et l’ensemble de la communauté internationale veilleront à aider Madagascar à la préparation de ces élections. Des experts vont venir immédiatement à Madagascar pour évaluer les besoins électoraux malgaches. A mon avis, les élections se tiendront pour sûr l’année prochaine. Mon souhait personnel est que cela se passe le plus tôt possible, c’est-à-dire début mai. Mais cela dépendra de l’aide et de l’évaluation de la communauté internationale.

G.G. : Vous confirmez que vous serez candidat ?

A.R. : Ce qui est prioritaire pour moi, c’est la mise en œuvre de la feuille de route. Beaucoup d’efforts ont déjà été déployés, mais beaucoup reste encore à faire. Actuellement, on essaie de former ce gouvernement d’union nationale. Chaque chose en son temps. Vous serez informés au moment opportun…

G.G. : Vous y pensez en tout cas…

 

A.R. : Ce qui est important, ce n’est pas d’être président ou d’être candidat. Ce qui importe c’est de réussir sa mission. Il y a beaucoup de paramètres en jeu. Ce sont les évènements qui dictent les décisions. On verra donc, en fonction des évènements à venir.

G.G. : La feuille de route préconise aussi le retour sans conditions des exilés politiques. Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka pour ne pas les nommer ne sont toujours pas rentrés. Prévoyez-vous une amnistie ?

A.R. : Il y a des étapes à franchir. La feuille de route prévoit qu’avant les prochaines élections, on devrait procéder à l’amnistie. Je suis prêt à mettre en œuvre cette feuille de route. Cela dit, il y a des cas qui ne sont pas amnistiables selon les normes internationales comme les crimes de sang et les crimes de guerre. Je crois que c’est pour cette raison que les exilés politiques touchés par telles ou telles condamnations ne sont pas encore retournés au pays jusqu’à présent.

G.G. : Combien de prisonniers politiques sont détenus à Madagascar ? Envisagez-vous à court terme de les libérer ?

A.R. : Il n’y a pas de prisonniers politiques à Madagascar. Il y a eu de la délinquance politique, des gens ont détruit des biens d’autrui, ont perpétré des coups d’état au moment du referendum… Je peux vous assurer que nous voulons tourner la page. Il faut que les politiques se mettent autour d’une table. Une fois que les institutions de la transition et les élargissements seront mis en place, les politiciens eux-mêmes discuteront des cas qui se sont produits pendant la crise politique à Madagascar.

G.G. : Quel rôle joue la France dans le processus de sortie de crise à Madagascar ?

A.R. : C’est la SADC qui a joué le rôle de médiateur à Madagascar. Aujourd’hui, la Troïka (Afrique du Sud, Tanzanie, Zambie, Ndlr) nous accompagne dans la mise en œuvre de la feuille de route. Ce sont ces organisations régionales qui jouent un rôle important dans la résolution de la crise malgache. Il existe un lien étroit, historique, entre la France et Madagascar. La France pourrait beaucoup nous aider concernant l’organisation des élections par exemple à travers l’Organisation internationale de la Francophonie. Paris a envoyé à plusieurs reprises des experts qui nous ont aidés à faire en sorte que les élections soient vraiment transparentes. La France est là en tant qu’appui pour l’avenir de ce grand pays.

G.G. : Quelles sont vos relations avec la France depuis votre arrivée au pouvoir, sachant que Paris ne reconnaît pas la HAT ?

A.R. : Je ne dirais pas que la France ne reconnaît pas la HAT. Bien au contraire la France aide beaucoup Madagascar et la Transition. Elle a toujours aidé le pays à travers les financements de l’AFD (Agence française de développement, Ndlr) ou d’autres organisations en matière sociale. La France comprend bien et mieux la situation à Madagascar.

Gaëlle Gonthier

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